Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sans voix
19 janvier 2006

1

Cela fait quelque temps que je ne parle plus. Le monde est con alors je me refuse à lui parler. Mais sinon, je vis très bien. Je suis comme les autres. Je suis partie intégrante de ce monde, je suis juste "sans voix" et ça... c'est un luxe suprême. Les gens peuvent crier, taper du pied, se mortifier ; moi tout est tapis là, dans mon corps, bien à l'abri des coups : cela ne regarde que moi. Laissez-moi vivre ! Pas besoin de psy, pas besoin de médocs ! Je veux juste être, et le silence m'est ; alors laissez-moi ce compagnon d'infortune, je le chéris au-delà des mots.

 

Une journée calme, j'ai erré dans les bâtiments, translucide à souhait. Marcher au milieu des gens, s'asseoir à côté d'eux et faire comme si personne ne m'intéressait. Est-ce le cas ? Oui. C'est le cas. Je les plains tous, affligés de leur stylo et de leurs feuilles, à noter tous sagement assis les directives des professeurs assignés advitam eternam - et jusqu'à ce que mort s'en suive - à l'université. Et pourtant, il y avait ces papotages acerbes de jeunes mijaurées : "Ton maquillage il est trop bô !!!", "T'as vu ma nouvelle veste ? J'l'ai payée trop cher mais j'le regrette pas !" Sombres petites idiotes. Je suis dans une promo de sombres en fardées petites idiotes. N'y a-t-il que les pimbêches pour vouloir choisir la psychologie comme spécialité ? Ne vous faîtes pas attraper par les jérémiades et les oeillades de ce prof... pfff. Vous êtes pathétiques.

Et puis, finalement, j'ai pu rentrer chez moi. Il était vingt heures passées. J'ai marché doucement, essayant de retenir le temps à travers mes pas : peine perdue. Le ciel était calme, quelques voitures venaient, de-ci de-là, perturber ce silence réconfortant sans parler du caquetage affairé des couples allant se regarder le blanc des yeux dans un coin sombre d'un restaurant bondé. Je me suis emmitouflée dans la musique pour leur fermer mes oreilles. J'ai hésité à m'asseoir et attendre un peu, sur un banc. Mais attendre quoi ? Je ne savais pas. Et j'avais bien trop peur qu'un alcoolique de service vienne tenter de me draguer et mette sa sale patte dans mes soucis, alors j'ai regagné à petits pas mon petit studio d'étudiante.

Et là... j'attends que le sommeil vienne, et c'est comme les gens, le sommeil, on ne peut pas compter sur lui. Enfoiré.

Publicité
Publicité
Commentaires
Sans voix
Publicité
Publicité