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Sans voix

7 avril 2006

14

Ce soir, je n'ai pas envie de m'endormir. Je me sens fragile. Les larmes ne sont pas au bord des cils, mais le coeur est en lambeaux et le sang se répand petit à petit pour tâcher la robe de mon chat tendrement endormi contre ma peau.

 

En quittant mon immeuble ce matin, j'ai été frappée par l'image d'un couple emménageant avec ses deux enfants. Pour n'importe qui d'autre, cela aurait été simplement l'occasion de saluer ses nouveaux voisins et de continuer tranquillement son chemin. Pas pour moi. Je suis restée figée, au beau milieu des escaliers à regarder le pallier inférieur où toute cette famille s'activait. J'étais là, interdite, à entendre les disputes des parents et à regarder le frère et la soeur qui commençaient déjà à s'amuser.

Cette famille m'a fait penser à sa famille à lui. A ses parents, qui contrairement aux deux qui s'insultaient copieusement sous les yeux de leurs enfants, qui étaient toujours respectueux l'un envers l'autre et qui prenaient soin de leur fils unique. Et puis, il y avait lui qui papillonnait de son père à sa mère tout souriant mais il était toujours là, à me tenir la main, et à me traîner derrière lui. Ses yeux me disaient quelque chose comme « C'est ma famille, mais tu peux en faire partie. Moi je t'aime, alors eux aussi ils vont t'aimer. Ne t'inquiète pas. » Mais je suis toujours restée distante face à ses regards, je regardais curieusement, comme dans un bocal, sa famille évoluer. C'était quelque chose de sacré pour moi, un rituel venu de je ne sais où auquel je ne pouvais pas adhérer. J'étais une petite orpheline moi. Je n'avais pas le droit d'avoir une famille. Mais il était là lui, pour moi et il semblait comprendre que je reste impassible face à ses supplications muettes. Je ne voulais pas qu'il me prête sa famille, c'était lui ma famille.

 

Aujourd'hui, ma famille c'est ce chat. Seulement un chat.

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30 mars 2006

13

J'ai réprimé un lourd sanglot au réveil. Impossible de me détacher, impossible d'oublier cette image. Cette lettre.

En fait, c'était un rêve totalement crétin. Mais tout semblait si réel. Je lisais son écriture, ses mots et sa voix résonnait comme un écho à son absence. Tout semblait si réel.

 

« Mon Petit Poucet,


cela fait déjà presque deux ans que je t'ai quittée sans un mot. Je pense souvent à toi. Non. Je mens. Je pense tout le temps à toi. Tu es toujours présente en moi et j'ai peur qu'il ne t'arrive quelque chose et que je ne sois pas là pour toi. J'ai peur aussi de revenir trop tard et de te voir envolée : envolée dans les bras d'un autre ou envolée parce que tu aurais tellement changé que je ne serais plus capable de reconnaître tes yeux clairs dans le visage de la nouvelle toi. C'est étrange ce que je dis... je ne sais même pas si tu pourras me lire tellement je tremble.

Je me souviens de tout. De ton sourire au réveil, de tes cheveux ébouriffés. De tes pas précipités pour aller en cours parce que tu étais en retard. De tes mains qui me poussent pour que je sorte de la douche pour que tu puisses te laver à ton tour. De tes mains qui me poussent à nouveau quand j'essaye bravement de te cuisiner un petit quelque chose... de tes mains qui enserrent ma taille, ta tête qui
se pose sur mon dos et ta demande d'attention. Tes yeux qui brillent quand je te souris. Non. Tes yeux qui brillaient quand je te souriais.

Comment t'expliquer pourquoi je suis parti ? Comment te dire tout cela Poucette ?

Tu es mon amie d'enfance, ma meilleure amie, mon amour et moi j'étais le seul élément masculin dans ta vie. Il n'y avait que ta grand-mère et moi pour toi. Et je n'ai pas eu le courage d'affronter cela, de risquer de lire la déception dans ton regard, de faillir à cette promesse que je m'étais faite en CP quand j'ai tout fait pour redoubler pour veiller sur toi. Je ne voulais pas être séparé de toi, et je supportais encore moins qu'on puisse te faire du mal. Je veillais jalousement sur toi comme un grand frère aurait pu le faire, mais c'était un sentiment tout autre qui était en moi : je t'aimais déjà. J'ai dû t'aimer dès la première seconde alors que je n'étais qu'un bébé quand ta grand-mère me gardait l'après-midi, à tes côtés. Et puis même si je suis tombé amoureux de toi plus tard, ce n'est pas important. Ce sentiment a toujours été présent au fond de moi et il primait sur tout.

Mais finalement je suis parti, je t'ai quittée. »


Ni mot, ni signature pour clore cette lettre. J'en étais soulagée dans mon rêve, comme si ainsi, cela me laissait une porte de sortie au lieu de lire un blessant et froid «  Adieu ».

A mon réveil, ces mots imaginés par mon inconscient m'ont fait du bien. Ils ont soulagé cette lourdeur causée par l'absence et surtout j'ai pris conscience de la vérité de son départ, de cet amour malgré son absence...  pour moi, c'était vrai et c'est tout ce qui importait.

Pour la première fois depuis si longtemps, je me suis sentie soulagée et je lui en ai moins voulu pendant un instant. Un instant seulement.

21 mars 2006

12

J'ai passé toute la journée à me demander quelle place avait la vérité dans une histoire d'amour. L'amour, est-ce tout se dire ? Ou est-ce seulement piocher des morceaux choisis et les partager avec sa moitié ?

Et à cette question de l'amour s'est juxtaposée celles de l'indifférence et de la haine. La haine semble être une forme d'attachement poussé qui peut se transformer ou se retransformer en amour mais l'indifférence... que fait-on avec de l'indifférence ? Si cette indifférence est froide et non calculée. Que fait-on quand l'homme que l'on aime nous regarde avec cette indifférence-là dans les yeux ?

 

Mon amoureux, lui, il est parti sans un regard de haine et d'indifférence. Il est simplement parti, évaporé. Je n'ai jamais su s'il ne m'aimait plus – malgré ce « je t'aime » affirmatif qu'il avait gribouillé en bas de son mot d'adieu -, si j'avais fait quelque chose de mal, ...

Est-ce de ma faute ? Était-ce de ma faute s'il est parti ?

Et puis, quand cette question s'en va, un goût amer remonte dans la gorge et s'installe : le goût de la trahison, de l'amour qui tourne à la haine. Il m'a laissée dans l'incompréhension, une seule phrase pour résumer son départ. Comme si c'était à moi de faire l'analyse et la déduction de sa sortie magistrale de ma vie. Et que conclure de « Si mes choix ne pouvaient pas influer sur autrui, sur moi... et sur toi. » ? Je ne sais pas. Je l'aimais, je croyais le connaître, et il est parti, comme ça sans raison. Et pourtant mille raisons se bousculent dans ma tête, mais je ne veux pas mettre de mots sur elles. La vérité m'effraie mais le silence m'étouffe. Il m'a conduite au bord de la vie dans ce nid d'amour qu'on avait construit ensemble, et puis, il est parti. Il est parti, comme s'il n'avait jamais existé. Ou plutôt, comme si je n'avais jamais existé pour lui. Et c'est là que cela fait mal.

7 mars 2006

11

J'écris parce qu'il me manque. Ma mère rédigeait son journal alors qu'elle était avec son chéri – mon père. Moi, je n'ai commencé à écrire que lorsqu'il est parti. Depuis, mon cahier me suit tous les jours, à tous les endroits possibles. Je ne le lâche plus. Ce cahier a pris un aspect rassurant pour moi : je pensais y noter tout notre passé à l'intérieur, mais je n'ai su que mélanger le passé et le présent. Je n'arrive tout simplement pas à concevoir qu'il ne soit plus là pour vivre ce présent avec moi.

Quand il est parti. J'ai vite sombré. C'était inévitable. Il avait toujours été là pour moi, toujours. Et du jour au lendemain, j'étais seule, sans explication, aucune. Cela peut sembler banal de le dire, mais je me suis retrouvée comme des milliers de filles à pleurer mon chéri envolé. Totalement niais, mais c'était la vérité. Je me suis retrouvée à pleurer. Seule. Et depuis, même si les larmes se sont quelque peu taries, je n'arrive pas à refaire surface. Sa présence tapisse toujours mon coeur. Je suis habitée par lui. C'est plus fort que moi. Cet amour me dépasse. Il est en moi, c'est ainsi. Je ne sais pas me battre contre lui. Que serais-je devenue s'il n'avait pas été là pour m'aimer ?


La première année sans lui, je me suis retrouvée en cité universitaire. J'étais une parmi tant d'autres. Personne ne me connaissait, cela me plaisait assez en arrivant dans cette chambre estudiantine. Et puis des groupes se forment, en fonction des étages, des affinités, des études. Alors quand j'en ai eu marre d'être regardée bizarrement, j'ai fait comme les autres : j'ai socialisé. Je me suis mélangée parmi les autres.

 

Pour tout le monde, j'étais devenue mademoiselle Rose. Et ce surnom était bien gentil en comparaison avec la quantité absolument monstrueuse de rose que j'ai pu parsemé à tous mes passages. Mon sac était rose, ma montre, mes bijoux, une bonne partie de mes cheveux, ma chambre avait les murs recouverts de posters roses... je vivais dans une vraie bonbonnière, j'aurais tenté n'importe quoi pour faire venir le bonheur à moi. Cela intriguait plus d'une personne. Je ne parlais pas beaucoup, je ne souriais pas non plus des masses, mais j'étais nettement reconnaissable. J'avais besoin de cela, que les regards se tournent vers moi quand je passais dans un endroit. Il le fallait. Il le fallait. Il fallait que ces regards convergent vers moi, car ses yeux n'étaient plus là pour me voir.

Les invitations se sont succédées. J'étais toujours partante. Totalement rigolote et amusante. Je ne buvais pas mais je riais plus que quiconque. J'étais toujours accompagnée d'un garçon différent, ou d'une fille, cela n'avait pas d'importance. On me raccompagnait à la porte de ma chambre d'étudiante. Je pense qu'ils étaient attirés par ce silence lourd et fragile qui se dégageaient de moi, mais je ne laissais personne me toucher. C'était tout simplement une insulte envers mon propre corps sur lequel ils voulaient poser leurs mains. C'était une insulte envers moi-même car une seule personne pouvait poser ses mains sur moi. Invariablement, je fermais ma porte sur leur mine déconfite. Alors je replongeais dans ce monde rose bonbon que j'avais crée, et seulement à cet instant ils auraient pu lire la tristesse qui m'habitait, mais la porte était fermée. Fermée.

24 février 2006

10

C'était ma journée courage. Je suis retournée à la fac après une semaine d'absence à essayer de récupérer de cette maudite grippe. Le soir, j'étais trop fatiguée pour flâner pour rentrer chez moi, alors j'étais montée dans le premier bus qui passait par là.

 

A peine assise, mon regard avait été attiré par les cheveux blonds d'une jeune fille. Sa chevelure lui recouvrait presque entièrement le visage. Sa main gauche caressait doucement le pendentif qui ornait son cou. Ce pendentif représentait simplement une moitié de coeur. Elle pouvait montrer, au monde entier, que la personne avec qui elle était l'aimait à un tel point que même cet amour était incrusté à même ce bijou doré qu'il lui avait offert. A première vue, cette attention paraissait inoffensive et très gentille. A première vue seulement. Pour moi, ce n'était qu'une façon de montrer sa main mise sur cette jeune fille. Et pourtant, c'était important pour elle, comme lorsqu'elle devait entendre s'appeler « ma chérie » ou « ma puce ». Pour elle c'était important, sinon elle n'aurait pas accepter de montrer aux yeux de tous cet amour. Comme si l'amour devait être montré alors qu'il se vivait à l'intérieur des gens. Comme s'il fallait posséder l'autre par des petites attentions comme des coeurs, ou des « mon », « ma » pour faire comme si l'amour existait vraiment.

 

J'ai repensé à cette question qui me laissait toujours pantoise : « Tu es avec quelqu'un ? » Un « Oui » clair et automatique sonnait en réponse. Et puis, je regardais curieusement la personne, en me demandant comment elle faisait pour ne pas voir à quel point c'était évident. Comme si l'amour que l'on se portait mutuellement ne suait pas de mes pores. Et puis, je réfléchissais en me disant que c'était justement parce que c'était évident que les gens ne le voyaient pas. Après tout, lui et moi avions grandi ensemble. Notre amour était évident pour nous, pas pour les autres.

C'était ma journée courage. Maintenant je peux laisser couler mes larmes.

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21 février 2006

9

Je ne sortais pas les jours suivant. Pas envie, pas la force. En plus d'être malade, je me sentais triste et fragile. J'avais le sentiment d'être replongée des mois en arrière quand j'attendais bêtement que quelque chose se passe... parce que je n'avais pas compris ce qu'il s'était passé. Pourquoi était-il parti ? Je ne le savais pas à l'époque, je ne le savais pas plus aujourd'hui. Il s'était tout simplement évaporé dans la nature, comme s'il n'avait jamais existé.

 

Quand je n'arrivais plus à me torturer l'esprit à propos du pourquoi du comment, tout notre passé me revenait en mémoire. Ses mains qui se posaient sur moi pour attraper ce chagrin que je ne savais plus porter seule. Les longs soirs où je passais mon temps muette, enfermée sur moi-même et où lui, me berçait doucement en attendant que le sommeil me terrasse. Je ressentais le manque de l'absence de mes parents, manque sur lequel je ne pouvais mettre de mots. Jusqu'au jour où ma grand-mère m'a envoyé les journaux intimes d'adolescente de sa fille, comme pour combler l'absence de ce passé que ma mère n'avait jamais pu me raconter. Devant mes yeux, j'ai vu dérouler ses doutes de jeune fille, ses disputes avec ses parents – ma grand-mère semblait sacrément peste avec ma mère alors que mon grand-père, que je n'avais pas connu, paraissait largement indifférent à sa fille.

 

Et puis, après sont arrivés ses carnets de jeune mariée et l'attente de ma naissance. La fébrilité de la jeune fiancée lors de son mariage, la joie d'apprendre qu'elle était enceinte et tous les petits détails sur sa grossesse : les coups de pieds que je lui donnais dans son ventre jusqu'aux premières contractions.

 

 

 

Il était resté silencieux, à côté de moi, respectant cette porte que j'ouvrais sur la vie de ma mère. Il me tenait contre lui et il ne lisait même pas les pages que je tournais fébrilement. Il était là, juste pour me rassurer, juste parce qu'il m'aimait.   

12 février 2006

8

Des larmes qui coulent. Dans ma torpeur, je ne me souviens plus exactement où je suis. J'ai de la fièvre. Le corps brûlant, les pensées éparses sur l'oreiller. Je ne sais plus ce qui se passe autour de moi. Rien sûrement. Le chat dort sur un coin du lit, et mes dents s'entrechoquent dans un nouveau frisson.

 

La réalité se confond derrière mes yeux clos. Des passages intenses me martèlent les sens. Je le vois me souriant pour calmer mon impatience à l'embrasser, ou alors sa main se posant sur mon genou pour m'apaiser au beau milieu de mes craintes. J'entends sa voix qui me harcèle en riant en me nommant : « Petit Poucet », surnom idiot qu'il m'avait donné quand toute petite j'étais tombée sous le charme de cette histoire qui me semblait si familière. Sa voix résonne encore. Elle prend toute la place dans mon délire fiévreux. Je m'entends murmurer « mon amour » comme s'il était là, à me tenir la main, à me soigner. L'illusion de sa main fraiche sur mon front brûlant. Le chat vient me secouer en lapant une goutte salée sur mon visage. Il ronronne profondément en me poussant la tête de son museau, il réclame un câlin. Mes bra s'ouvrent par habitude, heureux il vient se tapir dans la chaleur moite de mes bras nus et s'endort aussitôt.

 

Le sommeil me reprend, peuplé d'illusions. J'entends au loin les murmures du ronron du chat, ce bruit me berce et m'apaise. La fièvre s'en va petit à petit et me laisse à mon réveil, éloignée de mon corps, de toute logique, de toute réalité. Quelque chose s'est perdu pendant que j'étais fiévreuse, mais je ne sais quoi au juste.

12 février 2006

7

J'ai voulu passer ma journée à oublier. Et le seul moyen que j'ai trouvé a été de me calfeutrer sous ma couette et de regarder des idioties à la télé. Le chat a tenté de me distraire par mille miaulements mais je n'ai pas cédé d'un pouce, enfin je lui ai juste laissé un peu de place dans mes bras pour dormir. J'ai bien pensé à un moment faire comme lui, me laisser happer par le sommeil mais j'ai eu trop peur d'être hantée par mon passé alors j'ai braqué mon regard sur deux amoureux en train de se disputer dans la petite lucarne. Pitoyable. La vie est trop courte pour se passer en disputes.

 

Mais finalement, je n'ai pas tenu bien longtemps. Je me suis endormie devant autant de niaiseries et je suis tombée dans un film bien huilé. Sans répit, des images se sont succéder. Ses mains, son sourire, son regard. Tout cela pour moi. Des caresses, des baisers. Une vraie complicité. Je le retrouvais comme je l'aimais : sans demi-teinte. C'était lisse et plein, beau et serein. Une vraie bouteille d'oxygène, de l'air frais dans mes poumons et un sourire à m'en faire mal aux zygomatiques quand je me suis réveillée. Le chat ronronnait toujours dans mes bras et je n'ai pu voir le baiser mouillé que s'échangeait les deux amoureux dans la télévision.

Quand je suis sortie de ma torpeur, une seule phrase résonnait en moi : « Si mes choix ne pouvaient pas influer sur autrui, sur moi... et sur toi. »

C'est le seul mot que j'ai trouvé quand il est parti. Il n'a même pas eu le courage de me le dire en face. Et, il avait ajouté en dessous un curieux « Je t'aime »... comme si cette phrase là pouvait être encore vraie après son départ.

4 février 2006

6

La journée a été étrange, silencieuse et froide, couverte de neige. Mon regard n'a cessé de errer à droite à gauche, cherchant à s'accrocher à quelque part, comme si un petit incident pouvait faire basculer mes pensées dans la joie et la bonne humeur. Je regardais les branches emplies de neige, les flocons voletant de part et d'autres et recouvrant tout sur son passage d'un tapis léger et blanc. Mais rien ne m'a sortie de ma torpeur. Les images de la nuit s'entrechoquaient encore devant mes yeux. Ma nuit n'avait pas été peuplée d'un futur imaginaire. Non. Ma nuit avait été peuplée de passé. De notre passé. Il était là. J'étais là avec lui. C'était simple. C'était doux et joli à la fois. Ridicule comme dans les livres à l'eau de rose. Nul mot n'était utile. Nous étions là, mains dans la main à nous sourire. Confiants. C'était simple.

 

Ce passé en noir et blanc avait un goût de rancoeur. Je me suis réveillée, le coeur transi d'effroi. Je lui en voulais. Je lui en voulais énormément. Les jolis instants avaient été gâchés par son départ. Tout avait été souillé par sa seule absence. Les sourires et les baisers passés ne pouvaient plus réchauffer mon coeur froid. Plus rien ne pouvait réchauffer mon coeur. Plus rien. Pas même ce chat, sombre vestige de notre amour passé, qui venait pleurer sous nos fenêtres pour obtenir caresses et croquettes. Pas même ce chat qui me lèche le visage tous les matins quand mon réveil sonne.

 

Le passé est dénué de charme. Que dire du présent qui m'attend ?

3 février 2006

5

Réveillée dans un sursaut, le visage baigné de larmes. Je me suis éveillée dans cet état-là, totalement hagarde. Ma tête cherchant des explications. Seul le ronronnement du chat me fit redescendre sur terre.

 

Je rêvais. Je rêvais que j'étais avec lui. J'attendais son enfant. Cet enfant voyait le jour et que nous formions une petite famille autour des couches et des biberons . Tout semblait calme et précieux dans ces images rêvées. L'amour était exactement comme je le croyais avant. Avant qu'il ne parte.

 

Il n'y avait qu'un amour possible, cet amour que nous avions construit petit à petit. Seul cet amour était possible, et seul celui-ci pourrait bercer ma vie. Il me souriait, me regardait comme si j'étais l'incarnation même de la douceur. Je faisais partie de lui, comme il faisait battre mon coeur. Nous ne formions qu'une entité et notre petit trésor nous souriait dans son berceau : notre fille. De notre amour était né le plus joli être vivant, et je me reposais dans ses bras en tenant contre mon coeur notre enfant.

 

Je n'eus que le temps d'essuyer mon visage avant d'aller en cours. Dans la rue, des larmes coulaient encore sur mes joues.

 

Ma vie n'était pas ce rêve.

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